Contenu tiré du rapport du CRE Laurentides, 2019

Durant la saison estivale 2019, une douzaine de bénévoles de l’association de la protection du lac des Iles ont participé à une étude de caractérisation des plantes aquatiques au lac des Iles, initiée par le Conseil régional de l’environnement (CRE) des Laurentides.

Afin de se préparer, en juin 2019, les bénévoles ont assisté à une formation sur le Protocole de détection et suivi des plantes aquatiques exotiques envahissantes (PAEE) dans les lacs de villégiature du Québec (protocole PAEE). Cette rencontre a permis de se familiariser avec la démarche d’inventaire, les outils à utiliser, l’identification des plantes.

L’inventaire s’est déroulé sur 2 jours, en août 2019, soit une journée au sud du lac et une dans la section nord pour visiter, observer et récolter les plantes. Les bénévoles ont assisté

Samuelle Durocher, une biologiste et agente de liaison du projet de lutte contre le myriophylle à
épis au CRE Laurentides.

Afin de suivre l’évolution des plantes aquatiques dans les plans d’eau et de vérifier leur prolifération
au fil des années, les zones de recouvrement des herbiers de plantes indigènes et 
de plantes exotiques ont été identifiées à l’aide d’un GPS et/ou dessinées à la main sur une carte. Cette cartographie consiste à délimiter les zones où les plantes aquatiques émergentes, flottantes et submergées ont une superficie d’au moins 10 m2 et un recouvrement d’au moins 50 %.

 

Diversité

L’échantillonnage a démontré que le lac des Îles figure parmi les lacs les plus diversifiés qui ont été échantillonnés par le CRE Laurentides. 34 espèces y ont été observées et identifiées.

C’est une bonne nouvelle. Ceci montre que le lac possède donc une des meilleures biodiversités de plante aquatiques indigènes de la région. Ces diverses espèces créent des habitats variés pour la faune aquatique et selon le cas, peuvent jouer un rôle de réduction de l’érosion et de la force des vagues, ou encore de filtration des polluants. Certaines plantes identifiées dans le
littoral du lac des Îles sont parmi les moins communes repérées pendant l’inventaire de la région, par exemple : Bident de Beck, Élodée de Nuttall, Élodée du Canada, Myriophylles indigènes, de même qu’une variété de potamots. Même si ces plantes ne sont pas nécessairement des espèces à statut précaire, l’importance de leur présence n’est pas moindre. Cette diversité est fort probablement liée aux différents milieux qu’on retrouve tout autour de ce lac parmi les plus vastes de la région (différents types de sol, profondeur de l’eau variable etc.).

 

Myriophylle à épis : 

Le lac des Îles fait partie des lacs malheureusement touchés par le myriophylle à épis, une plante exotique envahissante. En 2019, cette dernière est particulièrement préoccupante et est présente dans une quarantaine de lacs des Laurentides. La plante a été observée à 11 endroits différents autour du lac lors de la campagne de détection des plantes aquatiques par le Conseil Régional de l’environnement des Laurentides. L’équipe d’identification a déterminé que le myriophylle à épis était de dominance secondaire dans les milieux où elle a été repérée et non dominante. Ceci indique que la plante ne forme pas, ou ne forme plus, d’énormes colonies pures comme c’est souvent le cas. Notons au passage qu’on observe souvent une régression des colonies de myriophylle à épis après une dizaine d’années, phénomène observé au lac des Îles. Cela pourrait être dû à l’épuisement des ressources par une trop forte croissance du myriophylle. Cependant, cela ne veut pas dire que la formation de ce genre de colonie ne se reproduira plus. Outre le transport possible de fragments dans le cours d’eau, la propagation et  l’installation de la plante dans les lacs de la région est causée principalement par l’action des bateaux. Si un bateau ou une remorque transporte un ou plusieurs fragments de la plante dans un lac, cela suffit pour causer l’installation du myriophylle à épis. La plante n’a pas été relevée dans la partie nord du lac aux sites visités, mais un inventaire précédent a montré qu’elle colonise plusieurs baies du secteur nord. Une carte du lac indiquant les colonies de myriophylle à épis les plus importantes a été produite par l’association de protection du lac des Îles.


D’autres plantes envahissantes

Outre le myriophylle à épis, aucune autre plante aquatique envahissante n’a été relevée. Les autres plantes exotiques envahissantes qui ont été identifiées pendant l’inventaire dans d’autres lacs étaient : Hydrocharide grenouillette, Châtaigne d’eau, Potamot crépu et l’Aloes d’eau. Ces plantes peuvent aussi causer beaucoup de dommage pour la diversité de plantes indigènes présentes de la même façon que le myriophylle à épis. Il ne faut donc pas baisser la garde et s’assurer que ces plantes ne s’installent pas dans le lac! Le meilleur moyen de prévenir l’installation de plantes exotiques envahissantes demeure l’inspection visuelle et le nettoyage des embarcations avec un jet à haute pression avant et après la mise à l’eau. 

La prolifération excessive des plantes aquatiques est une conséquence bien connue de l’eutrophisation ou « vieillissement » des lacs, en raison de leur enrichissement en éléments nutritifs. Par contre, il faut garder à l’esprit que les plantes aquatiques demeurent un élément central de l’écologie des lacs au même titre que les arbres pour nos forêts. Elles ne sont donc pas un problème en soi dans la mesure où leur croissance n’est pas amplifiée par nos actions.

Recommandations :

  • Favoriser l’utilisation du lavoir à bateaux chez les utilisateurs du lac pour limiter la propagation de nouvelles espèces de plantes aquatiques exotiques envahissante et aussi limiter la répartition du myriophylle à épis à même le lac.
  • Faire un suivi du myriophylle à épis dans le littoral autour du lac. Les riverains sont invités à signaler toute nouvelle présence de l’espèce à l’Association de la protection du lac des Îles et ainsi garder un registre ou une idée globale du développement de la plante autour du lac.
  • Poursuivre les échantillonnages de l’eau (transparence, physico-chimie) via le programme RSVL pour suivre l’évolution de la qualité de l’eau. Cela permettra de voir s’il y a des problématiques causées par les riverains et si le lac est enrichi par un trop grand apport en nutriment. 
  • Pour limiter l’apport en nutriments et le vieillissement du lac,  instaurer de bandes riveraines d’un  minimum de 10 m de profondeur, tout autour du lac. 

Sources

Pour plus d’information concernant ce rapport, consulter le site web du CRE Laurentides > https://crelaurentides.org/images/images_site/dossiers/eau_lacs/PAEE/Rapport_plantes_2019.pdf

Consulter le site web du COBALI, le Comité de bassin versant de la rivière du Lièvre, dans sa section « Centre d’information » pour plus de détails
http://www.cobali.org/centre-dinformation/especes-exotiques-envahissantes/ 

Pour connaître les autres espèces exotiques envahissantes (EEE) répertoriées au Québec, consulter le site web du réseau Sentinelle du Ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC)
https://www.pub.mddefp.gouv.qc.ca/scc/

Un guide comme un « herbier aquatique »

Dans le cadre du projet Bleu Laurentides, le Conseil régional de l’environnement des Laurentides (2020) a fait paraître un guide d’information sur la caractérisation des plantes exotiques et indigènes présentes dans les plans d’eau des Laurentides, version adaptée pour le lac des Îles, Saint-Aimé-du-Lac-des-Îles/Mont-Laurier. Projet de Lutte contre l’introduction du myriophylle à épi dans les plans d’eau des Laurentides, 68 p. Ce projet a été réalisé avec l’appui financier d’Environnement et Changement climatique Canada et les MRC d’Argenteuil, d’Antoine-Labelle, des Laurentides, des Pays-D’en-Haut et de la Rivière du Nord.